Poker menteur

Très différent du poker, le poker menteur peut se pratiquer de nombreuses manières, avec des dés ou avec des cartes. Avec des dés, le poker menteur se joue comme le poker dice. C'est-à-dire avec cinq dés qui remplacent les cartes.

Règles du poker menteur

Le poker menteur se joue comme le poker dice mais le joueur qui tire la première combinaison la regarde, l'annonce (en la sous-évaluant ou en la surévaluant) et la passe à son adversaire qui peut :

• soit dire « Menteur »

• soit l'accepter et relancer en annonçant une combinaison d'un niveau supérieur pour la passer à son voisin.

S'il dit « Menteur », la combinaison est mise à jour. Si l'annonceur n'a pas « menti » (c'est-à-dire si la combinaison tirée est supérieure ou égale à la combinaison annoncée), celui qui a dit « Menteur » perd son enjeu. Sinon, c'est l'annonceur qui perd. Et ainsi de suite.

Le poker menteur est un jeu stratégique très amusant. L'annonceur a intérêt à proposer un enjeu important et à intimider son adversaire, qui peut lui dire « menteur » si sa combinaison est forte. Il risque aussi de voir le cornet lui revenir et d'être obligé de reparler à un niveau trop élevé. C'est donc un jeu de hasard, certes, mais aussi de bluff et de psychologie.

Le poker menteur avec des cartes

Dans la variante la plus intéressante, on se sert d'un jeu de 34 cartes, les 32 cartes d'un jeu de belote auxquelles on ajoute deux jokers. On joue de préférence à trois, quatre ou cinq joueurs. Les jokers peuvent remplacer n'importe quelle carte, au gré du joueur. Comme au poker, on distribue des mains de cinq cartes.

Ordre croissant de force des jeux

• une paire (deux cartes de même rang)
• deux paires (deux fois deux cartes de même rang)
• un brelan (trois cartes de même rang)
• une séquence (cinq cartes de couleurs différentes, qui se suivent)
• un full (un brelan et une paire)
• une couleur (cinq cartes de la même couleur), par couleur, on entend, non pas rouge ou noir, mais trèfle, carreau, cœur et pique. Les quatre couleurs sont de forces différentes, dans l'ordre croissant, trèfle, carreau, cœur et pique
• un carré (quatre cartes de même rang)
• une quinte flush (cinq cartes de même couleur, et qui se suivent). De même que pour les couleurs, une quinte flush à pique est plus forte qu'une quinte flush à cœur
• le poker (cinq cartes de même rang, par exemple quatre dames et un joker, ou trois dames et deux jokers).

Pour les jeux de même force, on tient compte de la hauteur des cartes, une paire d'as étant plus forte qu'une paire de rois, et un carré de dames plus fort qu'un carré de valets. Deux paires de rois et valets sont plus fortes que deux paires de rois et 10.

Les séquences sont désignées par la hauteur de la plus forte carte de la série. La séquence à l'as est la plus forte, et viennent ensuite, dans l'ordre décroissant, les séquences au roi, à la dame et au valet. Pour les fulls, c'est d'abord la hauteur du brelan qui compte. Ainsi, trois 8 et deux 7 sont plus forts que trois 7 et deux as. A égalité de brelan, c'est cette fois la hauteur de la paire qui compte. Trois rois et deux 9 sont plus forts que trois rois et deux 8.

Enfin, les seize quintes flush possibles sont de force croissante, depuis la quinte flush à trèfle au valet jusqu'à la quinte flush à pique à l'as.

Déroulement du jeu

L’un des joueurs donne cinq cartes au perdant du coup précédent. Celui-ci regarde ses cartes, sans les montrer aux autres joueurs. Il peut alors changer un nombre quelconque de cartes ou conserver son jeu initial.

On joue dans le sens des aiguilles d'une montre. Le joueur en possession des cinq cartes annonce au suivant l'intégralité de son jeu, par exemple, « paire de dames, paire de valets, et un 7. » Mais bien sûr, comme le nom de ce jeu l'indique, le joueur peut mentir.

Le joueur suivant peut accepter ou refuser de prendre le jeu. S'il l'accepte, ce joueur peut alors à son tour, ou bien conserver le jeu tel quel, ou bien changer autant de cartes qu'il le désire. La seule obligation de ce joueur consiste à annoncer un jeu plus fort que le précédent, ne serait-ce que d'une carte. Si le joueur précédent a annoncé « paire de dames, paire de valets, 7 », le second joueur peut annoncer « paire de dames, paire de valets, 8 ». Et ainsi de suite, chaque joueur ayant accepté un jeu pouvant changer autant de cartes qu'il le désire, et étant tenu d'annoncer un jeu plus fort que le précédent.

On conçoit qu'il arrive un moment où un joueur :

• soit trouve que le jeu annoncé est trop fort et qu'il ne pourra pas l'améliorer
• soit pense que le joueur précédent bluffe, et qu'il n'a pas le jeu annoncé. Dans ce cas, le joueur refuse de prendre le jeu. Le joueur précédent étale alors son jeu sur la table, et de deux choses l'une :
• ou bien le jeu retourné est de force au moins égale à ce qui a été annoncé, le joueur qui a refusé a perdu le coup
• ou bien le joueur a menti, il a un jeu moins fort que ce qu'il a annoncé, et c'est lui qui a perdu.

Le coup est terminé. Le donneur bat les cartes et donne cinq nouvelles cartes au perdant. Au cours d'un coup, le donneur distribue à chacun des joueurs autant de cartes, prises sur le dessus du paquet, que de cartes écartées, et place les cartes écartées sous le paquet. Si le coup dure longtemps, les cartes écartées au début du coup peuvent ainsi être distribuées à nouveau.

Une remarque : avec 32 cartes et deux jokers, les jeux sont beaucoup plus forts qu'au poker. Un brelan est de force moyenne. Les séquences et fulls sont courants. Les couleurs et carrés sont encore fréquents. Les quintes flush et pokers ne sont pas exceptionnels.

Marques

On peut marquer de trois façons différentes.

1. la marque simple : avec papier et crayon, on affecte une colonne à chaque joueur. On ajoute un mauvais point au joueur qui vient de perdre. En fin de partie, c'est le joueur qui a le moins de points qui a gagné.

2. avec des jetons : on distribue une cinquantaine de jetons à chaque joueur (davantage si les joueurs sont nombreux). S'il y a n joueurs, le perdant donne (n - 1) jetons au joueur qui l'a fait perdre et un jeton à chaque autre joueur. Ainsi, le joueur qui refuse un jeu à juste raison gagne plus de pions que les autres joueurs, ce qui n'est pas le cas avec la marque simple.

Par ailleurs, l'objectif de chaque joueur n'est plus de gagner (d'être le premier), mais d'avoir en fin de partie au moins son avoir initial. Les joueurs prennent plus de risques, et le jeu est plus intéressant.

3. avec des jetons, à mise variable : on distribue cinquante ou cent jetons à chaque joueur. Le perdant met une mise initiale sur la table, de un, deux, trois ou quatre jetons après avoir reçu ses cinq premières cartes, mais avant d'avoir changé ses cartes. Chaque autre joueur met sur la table autant de jetons que le premier joueur.

Le perdant du coup est tenu de doubler le montant du pot (c'est-à-dire, du total des mises). Les autres joueurs se partagent le pot doublé.

S'il y a un reste, on le laisse au milieu de la table, où il s'ajoutera au pot suivant. L'intérêt de cette variante est de permettre au premier joueur de miser en fonction des chances qu'il estime avoir de perdre ou de gagner avec son jeu.

Règle de fair play

Par convention, lorsqu'un joueur tire un jeu fort que le joueur suivant ne pourra pas améliorer sans changer de cartes, il lui est interdit d'annoncer le jeu exact. Le joueur doit annoncer un jeu inférieur à celui qui vient de lui rentrer. Il annonce par exemple « full aux rois par les valets » lorsqu'il a full aux rois par les dames.

Une exception toutefois : lorsque le joueur précédent vient par coïncidence d'annoncer le jeu immédiatement inférieur à celui qui vient de rentrer, le joueur peut annoncer le jeu qu'il détient.

Cette règle ne s'applique pas aux joueurs qui ne changent pas de cartes. Si le joueur précédent vous passe une séquence au valet, vous avez le droit d'annoncer « séquence au valet ».

Lorsqu’un jeu fait le tour des joueurs sans qu'aucun d'entre eux ne change de carte, le coup est annulé, et l'on redonne cinq cartes au joueur qui a tiré le jeu ayant fait le tour de la table. L'intérêt de ces règles est d'introduire une grande souplesse de jeu et de permettre aux joueurs de « monter des coups ».