Jouer au nain jaune

Dérivé du Hoc de Mazarin et de la Comète, le Nain jaune est un jeu de cartes familial, qui connut une grande vogue au XIXe siècle, et qui se joue à l'aide d'un tableau comportant au centre un sept de Carreau, tenu par un personnage qu'on appelle le Nain jaune ou Lindor. Dans les quatre angles du tableau se trouvent le dix de Carreau, le Valet de Trèfle, la Dame de Pique et le Roi de Cœur. Si les Académies Universelles des Jeux n'en font pas mention, l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert le cite comme un jeu déjà ancien.

Les joueurs misent sur chacune de ces cinq cartes, puis, après que la donne a été faite, ils jouent leurs cartes à la suite les unes des autres (sept, huit, neuf, etc.), ramassant les mises placées sur les cinq cartes, au fur et à mesure qu'ils les jettent. Lorsqu'un joueur n'a pas la carte nécessaire pour continuer une séquence, il passe son tour au joueur suivant, et ainsi de suite. Quand un joueur se défait de toutes ses cartes d'un seul coup, sans qu'aucun de ses adversaires n'ait pu en abattre une seule, on dit qu'il a fait grand opéra, et il ramasse toutes les mises du tableau.

Règles du nain jaune

Le nain jaune se joue avec 52 cartes et un carton sur lequel est représenté, à chaque angle, une figure. En haut à gauche, roi de cœur; en haut à droite, dame de pique; en bas à gauche, valet de trèfle; en bas à droite, dix de carreau. Au centre, un nain de couleur jaune, tenant un sept de carreau.

Ordre de valeur des cartes et points qu'elles représentent

Le roi est la carte la plus élevée. Les autres ont leur valeur ordinaire. L'as est la carte la plus basse.

Nombre de joueurs

De quatre à huit joueurs. Plus le nombre de joueurs est grand, plus le jeu est amusant.

Désignation du donneur et genre de donne

On commence par distribuer à chaque joueur un même nombre de jetons, chacun ayant une valeur déterminée d'avance.

Le donneur sera celui qui, après avoir tiré, avec les autres personnes, une carte dans le jeu, aura la plus élevée. II remet en commençant par la droite plus ou moins de cartes, selon qu'il y a plus ou moins de joueurs.

• S'il y a 4 joueurs, il distribue 12 cartes par joueur, 4 restant au talon.
• S'il y a 5 joueurs, il distribue 9 cartes par joueur, 7 restant au talon.
• S'il y a 6 joueurs, il distribue 8 cartes par joueur, 4 restant au talon.
• S'il y a 7 joueurs, il distribue 7 cartes par joueur, 3 restant au talon.
• S'il y a 8 joueurs, il distribue 6 cartes par joueur, 4 restant au talon.

Avant la distribution, on peut faire une mise sur le carton. On mettra :

• Sur le 10 de carreau : 1 jeton.
• Sur le valet de trèfle : 2 jetons.
• Sur la dame de pique : 3 jetons.
• Sur le roi de cœur : 4 jetons.
• Sur le 7 de carreau : 5 jetons.

Manière de jouer

Les cartes distribuées et classées par ordre de valeur, le joueur placé à la droite du donneur commence la partie. Il jette, sur la table, les cartes qui se suivent, jusqu'à celle qui manque.

Exemple : Vous avez une, deux, trois, quatre cartes de couleur quelconque. Vous jetez ces cartes en disant : « Un, deux, trois, quatre, sans cinq. » Le joueur suivant jette, sur la table, un cinq, un six, etc..., s'il possède ces cartes, sinon, il cède la place à son voisin de droite, en disant : « sans cinq ».

Si la carte manquante est restée au talon, le jeu n'est pas interrompu. Le joueur qui a joué le dernier continu, personne ne pouvant l'interrompre tant que ses cartes se suivent.

Comment la partie est gagnée ou perdue

Le gagnant est celui qui s'est débarrassé le premier de toutes ses cartes. Les autres joueurs étalent bien leur jeu et paient au gagnant un jeton par carte qu'ils n'ont pu jouer.

Les cartes figurant sur le carton du Nain jaune sont très bonnes quand les possesseurs parviennent à les jouer, car ceux-ci prennent la misé placée dessus. Mais elles deviennent très désavantageuses dans le cas contraire, car le perdant doit doubler la mise du carton.

La partie devient de plus en plus intéressante à mesure que les mises s'accumulent sur une ou plusieurs cartes.

Un joueur fait grand opéra quand le jeu lui permet de se défaire de toutes ses cartes, lorsque vient son tour de jouer. Il prend alors toutes les mises du carton et reçoit des joueurs autant de jetons qu'ils ont de cartes en main.