Le Polignac

Le jeu des valets est plus ancien que son nom, on en trouve les détails dans l'édition de l'Académie universelle des jeux, de 1812. Mais son nom de polignac lui fut donné en 1830. A la chute de Charles X, l'impopularité du ministre Polignac, qui fut cause de cette chute, était telle que le populaire ne put mieux désigner le plus mauvais des valets, le valet de pique, qu'en l'appelant Polignac.

Ce jeu se joue avec 32 cartes à 3, 4, 5, 6, 7 et même 8 joueurs.

On remarquera qu'à 3, 5 et 6 joueurs, il reste 2 cartes, et 4 à 7 joueurs.

Il y a deux méthodes conventionnelles en usage pour ces cartes, la règle laissant libres les joueurs de choisir celle qu'ils préfèrent.

Dans la première, on enlève deux 7, rouges ou noirs au choix, à 3, 5 et 6 joueurs, et les quatre sept à 7 joueurs.

Dans la deuxième, celui qui donne prend ces cartes en plus dans son jeu et fait un écart de deux cartes (ou de quatre cartes à sept joueurs). Il n'a pas le droit d'écarter de valets. Cette deuxième méthode, quoique moins usitée, n'en est pas moins amusante, et comme on est donneur chacun à son tour, on a tous les mêmes éléments de surprise.

Il s'agit, à ce jeu, de tâcher de passer sur les levées faites par les adversaires les valets qu'on peut avoir dans son jeu et de n'en pas prendre aux adversaires.

Le valet de pique marque pour deux points à celui qui le prend dans une levée.

Les valets de cœur, de carreau et de trèfle comptent chacun pour un point, soit, au total, cinq points à marquer par coup.

L'ordre de valeur des cartes est : roi, dame, valet, as, dix, neuf, huit, sept.

On donne :

A 3 joueurs : 10 cartes à chacun.
A 4 joueurs : 8 cartes à chacun.
A 5 joueurs : 6 cartes à chacun.
A 6 joueurs : 5 cartes à chacun.
A 7 joueurs : 4 cartes à chacun.
A 8 joueurs : 4 cartes à chacun.

La marche du jeu

Avant de commencer une partie, les joueurs décident, d'un commun accord, en combien de points elle se jouera. On fixe généralement 10 points, à 7 et 8 joueurs, 12 points, à 5 et 6 joueurs, 15 points, à 3 et 4 joueurs, mais le nombre de points est une convention, ce n'est pas une règle. Il suffit que l'on sait d'accord sur ce nombre.

Comme on marque à chaque joueur les points des valets qu'il prend dans ses levées, celui qui arrive le premier au nombre de points fixé perd la partie.

Règles du Polignac

1. On tire la donne en prenant chacun une carte sur un jeu étalé. Le joueur qui a tiré la plus forte carte est donneur. En cas de cartes d'égale valeur tirées par deux ou plusieurs joueurs, ces joueurs doivent retirer entre eux, mais ce nouveau tirage leur est personnel et ne change pas leur position vis-à-vis des autres joueurs.

2. Le donneur ayant choisi sa place, les joueurs se placent à sa droite, successivement, dans leur ordre de tirage. Il est interdit de choisir une autre place que celle attribuée par le sort.

3. Le donneur, après avoir battu les cartes et fait couper le joueur à sa gauche, les distribue de droite à gauche, et deux par deux. Quand le compte des cartes à distribuer est impair, il donne la dernière carte seule. Il est interdit de donner plus de deux cartes à la fois.

4. Le premier à jouer met une carte sur le tapis, et le jeu commence d'après les règles suivantes :

5. On doit fournir à la couleur jouée sans être obligé de forcer, si l'on a plusieurs cartes de la même couleur.

6. Celui qui n'a pas de la couleur demandée doit mettre un valet d'une autre couleur, s'il en a. S'il en a plusieurs, dont le valet de pique, il doit mettre le valet de pique avant les autres.

7. Tant qu'on a des valets en main et pas de cartes de la couleur jouée, il est interdit de se défaire de rois ou de dames.

8. Chaque fois qu'un joueur ramasse un valet dans une levée, il retourne la levée en la ramassant, mais il doit laisser le valet en vue devant lui.

9. Quand tous les valets sont tombés sur la table, on ne continue pas le coup de cartes, à moins que l'un des joueurs ait fait, à ce moment, toutes les levées et veuille jouer le général.

10. Le « général » est constitué par l'ensemble de toutes les levées d'un coup. Si celui qui le joue réussit, chaque joueur ajoute cinq points à son passif personnel.

11. Si le joueur qui le cherche ne le réussit pas, il marque, au contraire, lui-même cinq points, montant des points des valets qu'il a pris.

12. On peut jouer le général en silence, mais on peut également demander à chacun de ses adversaires s'il le favorise.

13. Les adversaires sont tenus de répondre « oui » ou « non ».

14. Il est interdit de jouer contre sa réponse : oui.

Celui qui a fait cette réponse est tenu de jeter sur les levées sûres de l'adversaire toutes les cartes de son propre jeu qui pourraient faire des levées vers la fin. S'il ne le fait pas, et que le fait soit constaté, ce joueur perd la partie.

15. Perd également la partie, sans qu'il soit tenu compte des points des autres joueurs :

- Celui qui renonce à la couleur demandée, quand il en a en main.

- Celui qui se défausse, sur une couleur qu'il n'a pas, d'une carte maîtresse d'autre couleur au lieu d'un valet, s'il en a dans son jeu.

- Celui qui, ayant à se défausser du valet de pique, jette un autre valet sur la levée.

16. En cas de fin de partie dans laquelle plusieurs joueurs ont atteint ou dépassé la limite de points fixée pour cette partie, le compte doit s'établir de la manière suivante :

- On doit arrêter la partie dès qu'un joueur a atteint la limite, même s'il ne devait pas prendre d'autres valets, et qu'un autre joueur, certain d'en prendre, dût arriver à un nombre de points supérieur. La partie est toujours finie dès qu'un joueur a le nombre de points fixés pour perdre.

- En cas d'un général fait par un des joueurs, et si deux ou plusieurs autres sont « en vue » de la perte, celui-là seul perd la partie qui, après le coup, a le plus grand nombre de points, y compris les cinq points du général.

- Si deux joueurs arrivent au même total, ils partagent la perte.