Règles du Reversis ou Reversi

Mis à la mode par le Duc de Savoie, le Reversis (ou Reversi) est un jeu de cartes qui fit les délices du roi Henri IV. Il en parle à la Marquise de Verneuil dans une lettre de 1601. Concini y perdit 120 000 livres en une nuit et l'on sait que la Marquise de Sévigné l'appréciait beaucoup. D'origine italienne pour certains, espagnole pour d'autres, le Reversis est le jeu à l'envers : son but est de faire le moins de plis et de points possible, à moins de les faire tous, ce qui est "faire reversis".

Le Reversis se joue à 4 joueurs avec un jeu de 52 cartes, duquel on retire les 4 Dix.

Ordre de valeur des cartes et points qu'elles représentent

Valeur dans l'ordre décroissant, As, Roi, Dame, Valet, Neuf, Huit, Sept, Six, Cinq, Quatre, Trois, Deux. L'As compte pour 4 points, le Roi pour 3, la Dame pour 2 et le Valet pour 1. Les autres cartes comptent pour 0.

Manière de jouer au Reversis

On utilise une boîte comprenant quatre paniers carrés et une corbeille ronde. Chaque panier doit être d'une couleur différente et renfermer :

1. 5 jetons valant chacun 5 fiches, en tout 25 fiches.
2. 10 contrats valant chacun 10 jetons, ou 50 liches, en tout 500 fiches.
3. 20 fiches, de sorte que la valeur de chaque panier est de 545 fiches.

On tire au sort les places et la donne. Chaque joueur prend devant lui l'un des paniers et met 2 jetons dans la corbeille. Le donneur en met trois. Cette mise se renouvelle chaque fois que la corbeille est vide, et à chaque donne, le donneur y met 1 jeton.

Le donneur distribue, en trois fois, 11 cartes à ses adversaires et douze à lui-même. Il reste 3 cartes au talon : la première appartient au premier en cartes, la seconde au deuxième joueur, et la troisième au suivant. Ceux-ci peuvent donc écarter une de leurs cartes pour l'échanger contre celle du talon qui leur revient. Le donneur est forcé d'écarter une carte sans rien relever. Les quatre cartes qui restent, un fois les écarts faits, sont réunies et placées sous la corbeille.

La partie se joue comme à l'ordinaire, et le joueur qui fait le plus de points dans ses levées perd et paye à celui qui en fait le moins : en cas d'égalité de points, le gagnant est celui qui se trouve le plus près du donneur. Le gagnant prend alors les quatre cartes qui sont sous le talon et compte les points en ajoutant quatre points à chaque carte, et le perdant lui paye autant de jetons qu'il y a de points.

La partie peut se gagner d'une autre façon : lorsqu'un joueur se croit certain de faire toutes les levées, il s'arrange dans ce cas à les faire, et s'il réussit il fait le coup de reversis pour lequel il reçoit, outre la remise, 32 fiches du joueur placé en face de lui et 16 de chacun des autres.

Si le reversis est brisé à l'avant-dernière carte, on paye à celui qui fait cette levée ce qu'on aurait payé au gagnant. Si c'est à la dernière carte, on le paye double avec la remise : ces deux cartes se nomment l'avant-bonne et la bonne.

Il y a deux chances du jeu appelées le quinola et l'espagnolette qui se trouvent annulées par l'entreprise du reversis. Le joueur qui fait neuf levées successives a entrepris le reversis. Le quinola est le Valet de Cœur, qui est la plus forte carte du jeu : celui qui parvient à placer cette carte en renonce forcée, gagne la remise, mais s'il est obligé de la jouer sur du cœur, il paye la remise : c'est ce qui s'appelle forcer le quinola. Lorsqu’on joue le quinola à l'avant-dernière ou à la dernière carte, on ne gagne pas la remise, alors même qu'on fait le reversis, mais on se fait payer ce dernier coup.

On appelle espagnolette la réunion du quinola et de trois As, ou de quatre As dans la même main : cette chance donne le droit de renoncer en toutes couleurs pendant les neuf premières levées, mais comme il doit fournir de la couleur demandée aux deux dernières levées, s'il fait une seule de ces deux levées, il perd et paye tous les frais de la partie. Ainsi il paye la partie, comme d'habitude, à celui qui l'a gagnée. Ensuite il fait la remise, qu'il ait placé ou non le quinola, s'il le possédait, il paye double les as aux joueurs qui les lui ont payés.

Celui qui a l'espagnolette est libre d'user de son droit de renonce. Il peut jouer son jeu comme à l'ordinaire. Il ne perd pas non plus son droit en fournissant de la couleur demandée, pourvu que la couleur ne lui reste pas. Il peut rompre un reversis et alors il touche les droits ordinaires, en dehors de ses droits d'espagnolette. S'il entreprend reversis, sa chance d'espagnolette se trouve annulée par le fait.

Le joueur qui donne un As en renonce reçoit une fiche de celui qui fait cette levée. Si c'est l'As de Carreau, il en recevra deux. Si c'est la quinola en renonce, il recevra 1 jeton. De même que le joueur à qui l'on force un as paye 1 jeton à celui qui force, et deux si c'est l'as de carreau. Si quelqu'un force le quinola, il touche 1 jeton de chaque joueur, et deux de celui qui avait le quinola.

Ces paiements sont toujours doubles pour les vis-à-vis, ainsi que toutes les fois que le coup se fait à la dernière levée.

Le joueur qui fait maldonne met 1 jeton au panier, ou la donne passe au suivant. Si l'écart est fait quand l'erreur est relevée, le coup est nul : le donneur met 4 jetons au panier et il perd la donne. Tout joueur qui, sans avoir écarté, regarde sa carte au talon ou en découvre une, ne peut ni gagner la partie, ni placer son quinola, ni faire le reversis. Il ne reçoit rien s'il rompt le reversis ou s'il force le quinola.

Quiconque joue avant son tour, paye 1 jeton au panier. Quiconque renonce indûment, lorsqu'il n'a pas l'espagnolette, paye 2 jetons au panier et ne bénéficie pas du coup.