Règles de la Triomphe

Mère du Piquet et de l'Ecarté, la Triomphe, que l'on connaît depuis le XVe siècle, est un jeu de cartes simple, qui n'exige pas de grandes combinaisons. Aussi fut-elle pendant longtemps très populaire. Aujourd'hui, elle est pratiquement tombée dans l'oubli.

Nombre de joueurs

La Triomphe se joue à 2, 4, ou joueurs avec un jeu de 32 cartes.

Ordre de valeur des cartes et points qu'elles représentent

Valeur par ordre décroissant : Roi, Dame, Valet, As, Dix, Neuf, Huit et Sept.

Manière de jouer à la Triomphe

La Triomphe se joue comme l'Ecarté, mais on n'écarte pas et on ne compte pas le Roi : la partie est ordinairement de cinq points.

Le donneur, désigné par le sort, donne cinq cartes, et retourne la onzième qui est l'atout ou triomphe.

Ensuite le premier à jouer joue telle carte de son choix. Les autres joueurs sont obligés de fournir, s'ils en ont, de monter, s'ils en ont de plus hautes, ou de couper, s'ils ont des triomphes sans avoir la couleur jouée.

Celui des deux joueurs ou des deux partis qui a fait trois mains ou levées, marque un jeu, et s'il faisait la vole, il en marquerait deux. Il est possible à l'un des partis qui a mauvais jeu, de donner le jeu à l'autre, et si le parti contraire ou le joueur adverse, lorsque l'on joue tête à tête, ne veut pas l'accepter, il perd deux jeux, s'il ne fait pas la vole, tandis qu'il gagne un jeu s'il l'accepte.

Règles qu'on doit observer en jouant à la Triomphe

Lorsque le jeu est faux, ou qu'il y a quelque carte tournée, on remêle, les coups précédents sont bons.

Celui qui en mêlant donne plus ou moins de cartes à l'un des joueurs, ou enfin donne mal, perd un de ceux qu'il a, s'il en a, ou le parti contraire le marque.

Celui qui entreprenant la vole ne la fait pas, perd deux jeux. Qui joue avant son tour perd un jeu.

Celui qui en fournissant d'une couleur peut lever la carte jouée, et ne la lève pas, perd un jeu.

Celui qui n'ayant pas de la couleur jouée peut couper et ne coupe pas, perd un jeu, même si celui qui a joué devant lui a compté d'une triomphe plus forte que la sienne.

Celui qui renonce perd deux jeux, il perd la partie, quand on en est convenu en commençant.

Qui quitte avant de finir la partie, la perd.

Ce jeu, sans être bien savant, demande plus d'attention que l'on ne pense pour être conduit comme il faut. La partie ordinairement est de cinq jeux ou points. On joue autant de parties que l'on veut.

Variante : la Triomphe à l'As qui pille

Cette manière de jouer ce jeu est plus connue dans les provinces que la précédente : elle a généralement toutes les règles de l'autre, le jeu de la carte en est le même : on voit de la même manière à qui fera, on y donne cinq cartes également à chaque joueur. La seule différence c'est que l'on peut y jouer à quatre, cinq, ou plus joueurs, sans être pour cela les uns avec les autres. Au contraire chacun fait son jeu, et lorsque deux des joueurs font deux levées chacun, celui qui les a le plus tôt faites, gagne le jeu, et le marque comme s'il en avait fait trois.

Vous observerez que celui qui renonce ou fait d'autres fautes, par lesquelles il doit perdre quelque point, s'il n'en a pas, les autres n'augmentent pas pour cela les leurs. Mais lorsque celui qui a fait la faute en gagne, il ne les marque pas, jusqu'à ce qu'il ait satisfait à ceux qu'il devait perdre.

Cette manière de jouer est semblable à la précédente, en ce que chaque joueur joue pour soi, mais elle diffère en ce que les As sont les premières cartes du jeu, et qu'ils lèvent les Rois, les autres cartes suivant leur ordre naturel.

Il y a même un avantage pour celui qui fait, en ce qu'après avoir donné les cartes qui sont au nombre de cinq, s'il retourne un As, il pille, c'est-à-dire prend cet As qui fait la triomphe, et écarte à la place telle carte de son jeu qu'il juge à propos. Même s'il y avait au-dessous plus de cartes de la même couleur, en tournant sans interruption, il les prendrait en remettant sous le talon autant d'autres cartes de son jeu.

Il en est de même, si l'un, de ceux qui jouent à l'As de la triomphe en main, il pille aussi, c'est-à-dire prend la triomphe retournée, et les cartes qui suivent, qui sont de la même couleur, en en mettant autant sous le Talon qu'il en a pris, afin qu'il n'ait pas plus de cartes qu'il ne faut dans son jeu : on appelle cette manière de jouer à la triomphe, jouer à l'As qui pille. On joue du reste les cartes comme à la première manière, et l'on fait la partie de tant ou de si peu de points que l'on veut.

On peut encore jouer le jeu de cette manière, et sans jouer à l'As qui pille, on pourra diversifier et la jouer, tantôt d'une façon, tantôt de l'autre, en se souvenant d'avoir recours, pour les règles générales, aux règles qui sont dans la première manière de jouer.