L'importance de la position au poker

La position est une notion essentielle au Texas Hold’em No Limit, comme dans toutes les variantes de poker. Quand vous avez une bonne position dans un coup, vous bénéficiez d’avantages conséquents contre vos adversaires.

Que signifie « avoir la position » ? Cette expression indique que vous êtes le dernier à parler dans un coup. Le contraire d’être en position est d’être « hors-position ». Vous devez parler en premier.

Nous allons voir la série d’avantages que procure une bonne position dans une main, préflop et postflop.

Préflop : Être en bonne position pour les 3 tours d’enchères suivants

Vous devez toujours évaluer votre position absolue et votre position relative dans un coup. La position absolue représente votre position à la table, par rapport au bouton. La position relative représente votre position dans une main, par rapport à vos adversaires.

La position absolue est importante préflop, la position relative est cruciale postflop. Elle détermine l’ordre de parole pour le flop, le turn et la river, soit 3 tours d’enchères où il peut se passer beaucoup de choses.

Si vous avez la position sur votre (ou vos) adversaire(s) dans une main, cela signifie que vous parlerez après lui (ou eux) à chaque tour d’enchères, ce qui vous permet d’avoir le maximum d’informations avant d’agir. Nous verrons dans la partie des avantages postflop ce qu’une bonne position peut apporter à partir du dévoilement du flop.

Le bouton est évidemment la position ultime, car vous êtes assuré de toujours parler en dernier postflop. Le cut-off, une place avant le bouton, est également une très bonne position, encore meilleure si le joueur au bouton est serré et/ou passif.

Au contraire, les positions de small blinde et big blinde sont mauvaises car vous parlerez en premier après le flop.

Exemple : A une table de 9 joueurs, vous êtes le 5e joueur à parler, donc vous vous trouvez en hi-jack, avec 4 joueurs restants à parler après vous. Votre position absolue est donc assez bonne. Maintenant, imaginons que le joueur UTG relance et que vous payiez sa relance. Malheureusement, les 2 joueurs derrière vous décident également de caller sa relance. Votre position relative est donc mauvaise, car sur les 3 tours d’enchères que sont le flop, le turn et la river, il y aura 2 joueurs qui auront la position sur vous.

La position absolue est fixe jusqu’à la fin d’un coup, mais la position relative peut changer au cours d’une même main. En effet, si nous reprenons l’exemple précédent, il se pourrait que vous retrouviez une bonne position si le cut-off et le bouton jetaient leur main après le flop. Vous seriez alors en position sur le relanceur initial UTG durant les prochains tours d’enchères (turn + river). 

Les positions de blindes (petite et grosse blinde) sont bonnes préflop puisque vous êtes le dernier ou l’avant-dernier à parler, mais ensuite vous êtes le premier à vous exprimer sur chaque tour d’enchère (flop, turn et river). Avec une main forte, vous avez donc intérêt à clore la main rapidement par une grosse relance pour ne pas subir le désavantage d’être hors de position tout le coup.

Préflop : Éviter les relances, surrelances et squeeze play

En début de parole à une table pleine (9 ou 10 joueurs), vous êtes exposé à une relance ou une surrelance d’un joueur derrière vous. Il est donc moins aisé de rentrer dans un coup, hormis si vous possédez une grosse main. À mesure que votre position s’améliore, le risque que quelqu’un ait une main forte diminue, donc vous pouvez être plus serein quant à la possibilité de rentrer dans le coup.

Voilà pourquoi il est fortement déconseillé de limper en début de position, car vous ne pourrez pas assumer une relance derrière vous, et si vous callez, vous serez hors-position durant 3 tours d’enchères. Jouer un coup hors-position au Texas Hold’em est toujours difficile. A contrario, vous pouvez jouer une main plus faible que d’habitude quand vous êtes dans les dernières positions, car vous pourrez mieux manœuvrer après le flop.

De même, vous devez éviter de relancer avec des mains moyennes ou faibles en début de position, car vos adversaires pourraient s’en rendre compte et vous relancer pour vous mettre dans une situation compliquée.

Enfin, caller une relance d’un joueur en position avancé alors qu’il reste beaucoup de joueurs à parler derrière vous peut vous exposer à un squeeze play. Vous seriez alors contraint de jouer un gros pot hors-position, et le plus souvent avec une main moyenne puisque vous avez seulement payé et non relancé.

Voici une petite charte de mains à jouer en fonction de votre position : (table de 9 ou 10 joueurs) :

 
Charte des mains à relancer en fonction de la position
Paires
Cartes assorties
Cartes dépareillées

Début de parole

(UTG et 2 joueurs suivants)

AA, RR, DD
AR, AD
AR

Milieu de parole

(3 joueurs avant le bouton)

VV, 10-10, 9-9, 8-8
AV, A-10, A-9, A-8
RD, RV, R10
AD, AV, A-10
RD, RV

Fin de parole

(Cut-off et bouton)

7-7, 6-6, 5-5
A-7, A-6, A-5, A-4, A-3
R-9, R-8
DV, D-10, D-9
V-10
A-9, A-8, A-7, A-6, A-5
R-10, R-9
DV, D-10
 
 

Cette charte ne montre que les mains à relancer ; pour les mains de limps, vous pouvez descendre une catégorie en dessous. Par exemple, en milieu de parole, vous pouvez limper toutes les mains qui se trouvent sur la ligne fin de parole. Ce range de mains est typique d’un joueur serré et vous aurez souvent de meilleures cartes que votre adversaire avant de voir le flop. Vous ne prenez pas de gros risques avec et il sera très utile pour le cash-game ou les sit and go aux basses limites notamment. Si vous souhaitez l’élargir, vous pouvez tout simplement rajouter quelques mains d’une position meilleure (par exemple inclure VV et AD dépareillés dans les mains à relancer en début de parole).

Postflop : Accumuler de l’information sur les mains adverses

C’est le premier atout conféré par une bonne position. Vous voyez qui mise, qui suit, qui se couche, qui relance. Selon les connaissances que vous avez de vos opposants et de leur façon de jouer, vous pouvez arriver à déterminer avec plus de précision les mains adverses, et donc jouer la vôtre en fonction.

Alors que si vous êtes hors-position, premier à parler, vous ne pouvez pas savoir ce qui va se passer derrière vous. Miser vous expose à une relance, checker peut pousser un joueur à miser, avec une main ou en bluff. Vous êtes dans le brouillard! Cela montre bien l’importance de parler après ses adversaires pour mieux gérer le déroulement du coup.

Il est donc important de ne pas miser avec des mains faibles, voire des mains moyennes quand vous êtes hors position par rapport à vos adversaires. Par exemple, le flop affiche :  Roi de pique, Valet de cœur, 8 de trèfle, et vous possédez Valet de carreau et 10 de pique. Trois autres joueurs sont dans le coup et vous êtes le premier à parler. Miser dans cette situation est dangereux, car un de vos trois opposants peut détenir un Roi, auquel cas, il va relancer votre ouverture. Le flop est de plus très connecté et un adversaire avec D-10 ou DV pourrait aussi vous relancer. Et si vous êtes payé, vous allez avoir du mal à savoir que faire au turn. Mais d’un autre côté, si vous checkez, des joueurs derrière vous peuvent miser et ce sera compliqué de payer hors position avec votre main.

Cet exemple montre bien à quel point jouer hors position est difficile et vous contraint à prendre des décisions délicates. Alors qu’en position, vous avez déjà vu les actions des joueurs vous précédant, donc vous avez une plus grande quantité d’informations disponibles, ce qui vous permet de prendre une bien meilleure décision.

Postflop : Calculer facilement la cote du pot

L’avantage d’être le dernier à parler est très clair lorsqu’un joueur mise : vous pouvez calculer la cote du pot sans craindre d’être relancé par quelqu’un derrière vous (exception : dans un pot multijoueurs, si un joueur a checké avant le relanceur, il peut effectuer un check/raise). C’est très important si vous êtes sur un tirage et que vous souhaitez savoir combien vous devez engager pour voir la prochaine carte.

Le fait d’être le dernier à parler signifie que vous pouvez caller une mise sans subir une relance derrière vous, et être assuré de voir la carte suivante. C’est vous qui clôturez le tour d’enchères.

Mais votre adversaire peut aussi être passif et se contenter de checker. Dans ce cas là…

Postflop : Obtenir une carte gratuite

Quand tous les joueurs ont checké avant vous et que vous êtes le dernier à parler, vous pouvez checker à votre tour et prendre une carte gratuite. C’est un point capital au NLHE. Dans les pots multijoueurs, le dernier joueur à parler peut décider ou non de prendre une carte gratuite, et prendre souvent des cartes gratuites est très bénéfique pour vos gains. C’est notamment le cas si vous êtes sur un tirage, ou que vous cherchez quelques outs, comme une paire servie que vous voulez transformer en brelan.

Si les joueurs sont plutôt passifs, vous pouvez avoir régulièrement une freecard, voire deux (turn + river). Il devient intéressant de caller une relance ou de limper en position si vous pensez avoir une carte gratuite au flop. Les mains de type connecteurs assortis seront à privilégier, mais les paires et les connecteurs peuvent aussi être joués.

Postflop : Mieux rentabiliser ses mains

En position, vous pouvez maximiser vos gains, ce que vous ne pouvez pas faire hors-position. En effet, avec un très bon jeu, vous pouvez contrôler le déroulement des enchères. Si votre adversaire mise, vous pouvez le relancer pour faire grossir le pot. S’il checke, vous pouvez miser pour l’obliger à payer pour voir la carte suivante. Alors que si vous parlez avant lui, vous êtes devant un dilemme : miser peut le faire fuir et checker peut le pousser à checker derrière vous. Vos gains sont plafonnés hors-position. Ils sont illimités lorsque vous êtes le dernier à parler, puisque vous pouvez relancer votre (ou vos) opposant(s) de la somme de votre choix, voire à tapis. C’est également très utile pour soutirer plus d’argent à la river à un joueur qui a une bonne main, mais pas la meilleure. Si vous misez le bon montant, il peut être tenté de payer.

Postflop : Bluffer

Être le dernier à parler dans un coup permet de bluffer avec plus d’efficacité. Face à un adversaire, si celui-ci checke ou ne montre pas de force particulière, vous pouvez miser une somme correcte et votre opposant se couchera bien souvent. Il aura du mal à savoir si vous avez du jeu ou si vous bluffez. Il peut toujours vous relancer, mais c’est lui qui prend alors des risques, car vous pourriez avoir un très bon jeu et l’entraîner dans un gros pot.

Dans un pot comprenant 3 ou 4 joueurs, il est plus dangereux de bluffer car quelqu’un peut avoir touché une combinaison et vous suivre. Cependant, si vos adversaires ne misent pas, et qu’ils sont peu adeptes de l’embuscade, vous pouvez tenter un bluff, en misant comme si vous aviez une bonne main. La position est déterminante car tous les joueurs ont parlé avant vous, vous avez donc l’information suffisante pour tenter un bluff ou non.

Face à un adversaire prévisible, vous pouvez caller une relance préflop en position dans le but de gagner le pot plus tard dans la main, uniquement grâce à votre position. Si votre adversaire est du type à checker quand il rate le flop ou bien à effectuer un continuation bet au flop, puis à checker au turn quand il n’a rien, vous tenez là un bon client.

De même, si vous relancez au bouton ou au cut-off, et que vous êtes payé par une des blindes, vous avez une position favorable pour gagner le pot, même si vos cartes sont faibles. C’est pour cela que le vol de blindes est une tactique si efficace.

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